La liberté de peindre

(1923-1938)

Le peintre en 1920

 A 23 ans,il s’installe définitivement à Paris. Il travaille dans l’atelier de Wlérick et Arnold où il rencontre ses amis Pignon et Dayez. Il fréquente également l'Académie de la Grande Chaumière. Il découvre à Paris la liberté de peindre, la liberté tout court. Il peut enfin être lui-même. Dès 1929, il   est remarqué et classé parmi les jeunes peintres fauves (*) de l’Ecole de Paris (**). Il participe activement à la vie artistique de Montparnasse. Il se lie d’amitié avec Kikoïne, Mané-Katz, Pougny, Friesz, Utrillo, Dobrinsky, Terechkovitch et bien d’autres. Il fréquente régulièrement les cafés du carrefour Vavin : le Select, le Dôme, la Rotonde ou la Coupole où se forge l'esprit de l'Ecole de Paris et où il retrouve ses relations:  amis artistes,galeristes,critiques et marchands d'art. 





Le peintre par son ami Dobrinsky en 1929
Ses premières expositions, notamment à la Galerie de « la Jeune Parque » en 1929 sont saluées par la critique. On pourra lire à son sujet: « l’exubérance, la turbulence et la joie de peindre en toute liberté sont son apanage ». Selon le même auteur, il fait partie des « gentils fous bien sympathiques qui apportent avec leur fauve peinture éclaboussée une vraie jeunesse (à la peinture)". A propos de son exposition en 1930, Mounesseau écrira dans l’Echo de Paris: " (...)Irisse (est un) jeune peintre qu’il faudra suivre (…) (Sa peinture) violente, emportée, brutale révèle un véritable tempérament de coloriste (...) ».









   

Son premier atelier ave du Maine (fusain)
En 1931, il se produit dans une exposition - vente dite « le petit tableau » à la Galerie Katia Granoff et une autre en 1932 à « l’Archipel » avec Dufy, Friesz, Mané-Katz, Picasso, Pougny, Utrillo, Vlaminck, entre autres.
Il expose en 1931 à la Galerie Katia Granoff où il est remarqué par Waldemar George, futur rédacteur en chef de la revue Prisme des Arts, qui le suivra ensuite tout au long de sa carrière, lui apportera ses conseils , son soutien puis la reconnaissance de sa valeur . Ses toiles séduisent J.M.Campagne qui, dans un long article, écrit : « (...) J’ai vu l’autre jour chez Katia Granoff, l"exposition d’un jeune Russe, le peintre Irisse.(…) Celui-là est même décidé d’aller, pour soutenir sa peinture, jusqu’à mourir de faim.(…) Il n’en est qu’au promesses mais on sent un métier très libre, déjà dégagé et la délicieuse folie d’un vrai peintre. J‘aime surtout (…) ses symphonies de couleurs vraiment puissantes.(…) Je voudrais qu’il continue ainsi et qu’on se souvienne de son nom ».  
         
                   Il expose ensuite en 1932 avec le groupe de la Péniche à bord du  « Boucanier», en 1933 à la Galerie des « Quatre Chemins » où son style se confirme, puis en 1934 à la Galerie Armand Drouant où il est préfacé et conseillé par Waldemar George. Parallèlement, il participe régulièrement aux principaux Salons parisiens.

                   En 1936 , il s'installe dans un atelier plus vaste à Montparnasse entre la rue Notre Dame des champs et la rue de la Grande Chaumière non loin du carrefour Vavin. Il devient un vrai  "montparno ". C'est aussi l'année de son mariage.

(*)Le Fauvisme
Le Fauvisme apparait en pleine crise de la représentation. Les Fauves tournent le dos aux conventions académiques et à la perspective linéaire italienne pour participer à la première révolution artistique du XXème siècle : la révolution de la couleur qui précède de peu la révolution de la forme. Les Fauves manifestent pour l'autonomie de la couleur et l'intervention des émotions comme composantes picturales tandis que les formes se réduisent à des lignes très simplifiées. La perspective demeure, suggérée seulement par des plans colorés. Le mouvement fait scandale à ses débuts.


Autre vue du premier atelier (fusain)
(**) Ecole de Paris :
Nadine Nieszawer dans son livre « Peintres Juifs à Paris de 1905 à 1939 » donne la définition suivante : « L' Ecole de Paris est un terme créé par le critique André Warnod en 1925, dans la revue Comoedia, pour définir le groupe formé par les peintres étrangers à Paris. L’ Ecole de Paris ne désigne pas un  mouvement ou une école au sens académique du terme mais un fait historique. Ce terme était destiné à contrer une xénophobie latente plutôt qu’à fonder une approche théorique. » C’était une façon commode pour les galeristes et les critiques d’art de nommer l’ensemble des peintres étrangers participant au formidable bouillonnement avant-gardiste de Montparnasse à cette époque. De jeunes artistes, issus pour la plupart d’entre eux des communautés juives de l’ancien monde slave, fuyant la misère, les pogroms, les persécutions découvraient la saveur inestimable de la liberté et de la liberté de peindre.Tout était là : les académies,les grands peintres, les galeristes ,les critiques, les marchands d'art et , plus important encore, l'ouverture d'esprit et les perspectives. Ils ont apporté comme le dira Mounesseau en 1931 « un souffle résolument nouveau, une vraie jeunesse à la peinture » dans des conditions qui ne se retrouveront peut être jamais plus. Ce sont des Fauves, des Cubistes, des Expressionnistes, des Surréalistes parmi les principaux.